“25 minutes de sommeil en plus, c’est un gain précieux pour les ados”

Décaler les cours à 9 heures serait-il le moyen d’améliorer le rythme de sommeil des adolescents ? Selon Stéphanie Mazza, chercheuse en neuropsychologie qui a mené une étude sur un groupe de collégiens, cela présenterait des bienfaits sur la santé mentale des jeunes. Entretien.

Et si les adolescents pouvaient dormir quelques minutes un peu plus en semaine ? C’est ce qu’a testé une équipe de chercheurs en décalant le début des cours à 9 h pour un groupe d’élèves de l’internat de Sourdun en Seine-et-Marne. Une première expérimentation en France menée avec le soutien du Conseil scientifique de l’éducation nationale, dont les résultats publiés en mai attestent que les élèves ont en moyenne gagné 25 minutes de sommeil. Stéphanie Mazza, chercheuse en neuropsychologie et professeure à l’université Lyon-I, nous explique à quel point le rythme de sommeil est primordial pour les adolescents.

Pourquoi 25 minutes de sommeil en plus peuvent-elles faire une différence ?

“25 minutes de sommeil en plus, c’est déjà un gain précieux car la moindre dette de sommeil a un impact sur le fonctionnement de l’adolescent. Chaque minute gagnée compte. Quand on cumule ces 25 minutes sur la semaine, on arrive à deux heures de sommeil récupérées. Et dans toutes les recherches que nous menons, dès qu’on gagne ne serait-ce qu’un quart d’heure de sommeil, on observe des effets bénéfiques.”

Les élèves ressentent-ils les bienfaits rapidement ?

“D’autres travaux ont montré que les bénéfices peuvent apparaître dès 15 jours. Le sommeil des adolescents se raccourcit naturellement avec la puberté, car ils deviennent progressivement couche-tard, tout en continuant à se lever tôt. Ce décalage majore leur dette de sommeil. Même si notre expérimentation portait sur des collégiens de 5e et 4e, les résultats seraient probablement encore plus marqués chez les lycéens.”

Justement, que disent les lycéens à ce sujet ?

“Beaucoup nous ont interpellés, notamment sur les réseaux sociaux, en disant : « Pourquoi pas nous ? » Et ils ont raison. Ils sont encore plus concernés par cette dette de sommeil, car leurs journées sont plus longues et leurs soirées plus chargées, notamment à cause des devoirs. Mais dans notre étude, nous avons ciblé un groupe d’âge spécifique pour des raisons méthodologiques.”

Certains parents peuvent craindre que leurs enfants se couchent plus tard si on commence plus tard le matin. Que leur répondez-vous ?

“C’est une inquiétude fréquente. Mais toutes les études montrent que décaler l’heure de début des cours n’entraîne pas un coucher plus tardif. Les adolescents ressentent la somnolence selon leur rythme biologique, pas en fonction de l’heure du lever. Ce qui est essentiel, c’est le rôle des parents dans l’accompagnement du rythme de sommeil. Dans les familles où les règles sont claires, on observe moins de troubles du sommeil. Il faut rassurer les parents sur le fait que cette mesure-là n'induit pas un coucher plus tardif.”

Quelles seraient les prochaines étapes pour élargir cette expérimentation ?

En tant que chercheurs, nous avons atteint les limites de notre champ d’action. C’est maintenant au grand public et aux décideurs politiques de s’emparer du sujet. Les chefs d’établissement doivent aussi pouvoir adapter les emplois du temps, ce qui n’est pas simple. Mais nous avons bon espoir que l’étude soit évoquée dans des espaces comme la future convention citoyenne sur les temps de l’enfant.

Se lancer dans le challenge “3 semaines pour mieux dormir”

Le programme gratuit "3 semaines pour mieux dormir" propose des recommandations, des défis (du plus simple, comme activer le filtre de lumière bleue, au plus ambitieux, comme laisser son téléphone hors de la chambre), avec un suivi personnalisé. Il s’agit d’une web-app ludique et efficace qui permet de mettre en place une bonne routine de sommeil.

Les 3 conseils de Stéphanie Mazza pour améliorer le sommeil des jeunes

Bouger, mais pas trop tard

Conseil Aidodarons 1/3

“Si les ados font du sport le soir, prévoir un temps de retour au calme avec de la respiration ou de la relaxation.”

Ne pas considérer le sommeil comme optionnel

Conseil Aidodarons 2/3

“Il faut le considérer comme un levier essentiel du bien-être et de la performance. Tous les sportifs ou artistes de haut niveau que les jeunes admirent ont une routine de sommeil.”

Gérer les écrans

Conseil Aidodarons 3/3

“On ne diabolise pas les écrans, mais il faut éviter leur usage dans le lit, ou en cas de réveil nocturne.”

 

Passionnée par la photographie et l'architecture, je reste toujours connectée aux enjeux politiques et sociétaux. Curieuse et attentive, je suis à l’affût pour vous donner de bons conseils pédagogiques et améliorer votre quotidien.