En France, le non-recours à certaines prestations sociales dépasse les 30 %. Manque d’informations, démarches administratives complexes… Les raisons sont multiples et touchent particulièrement les mères isolées qui font face à divers défis.
Les familles monoparentales font partie des premières victimes de la précarité en France, d’autant que ces dernières sont de plus en plus nombreuses. Alors qu’elles représentaient 10 % des familles en 1970, cette proportion s’élevait à presque un quart en 2020, avec une forte accélération dans les années 1970, selon l’Insee, comme le note un rapport de 2024 du député Edouard Bénard (Parti communiste français) à l’Assemblée nationale. Des familles monoparentales – qui sont représentées par une mère dans plus de 80 % des cas – plus vulnérables face à la précarité. Elles représentent un quart des 10 % les moins favorisés, et 45 % des 20 % les plus modestes. Il s’agit de foyers vivant avec un seul salaire, mais qui ont aussi plus de difficultés à lier vie professionnelle et emploi et doivent pour certains vivre seulement avec le chômage.
Pour faire face aux difficultés socio-économiques, des aides existent pour accompagner les familles monoparentales, bien qu'elles ne leur soient par ailleurs pas nécessairement dédiées. Parmi les aides les plus communes, la Fondation de l’Ordre de Malte recense les aides de la CAF (non cumulables) comme l’aide personnalisée au logement (APL), l'allocation de logement familiale (ALF) ou l'allocation de logement sociale (ALS). Certaines communes ou régions attribuent des aides supplémentaires dédiées aux familles monoparentales. S’il existe des possibilités de ressources, le député de la Seine-et-Marne Edouard Bénard constate que les progrès “restent très largement insuffisants pour pallier les difficultés rencontrées par les familles monoparentales”. Dans son rapport, il pointe notamment le non-recours aux aides, qui concerne 15 % des familles monoparentales, selon la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques). En France, le non-recours à certaines prestations dépasse les 30 %, selon le gouvernement.
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Les raisons les plus récurrentes expliquant le non-recours sont le manque d’information, mais aussi la complexité des procédures qui découragent les potentiels bénéficiaires. Certaines familles renonceraient même à demander des aides par peur de faire ou de subir une erreur et de devoir rembourser un trop-perçu.
Outre l’aspect purement administratif, il y a une certaine crainte, voire honte d’être stigmatisé. “On sait qu’être parent solo est vecteur de pauvreté, d’exclusion professionnelle, et tout le monde s’en fout - voire s’imagine que les mères ont fait des enfants pour « profiter des aides » et « ne pas avoir à travailler ». J’en sais quelque chose : j’ai rejoint un collectif de mères célibataires qui luttent pour leurs droits il y a plusieurs années, et nos mobilisations n’intéressent personne”, témoigne Neika, maman seule d’un petit garçon, auprès du Huffington Post. Les mères isolées étant victimes de nombreux clichés, certaines préfèrent renoncer aux aides sociales.