Comment éviter la surenchère des grands-parents à Noël ?
Chaque année, ça recommence : les grands-parents rivalisent (consciemment ou non) pour offrir des cadeaux à vos enfants à Noël. Le plus beau, le plus cher, celui que vous leur avez refusé, celui qui est contraire à vos valeurs… Ils n'hésitent pas non plus à multiplier les présents, voire à imposer leur vision des fêtes. Aidodarons vous livre ses conseils afin de mettre le holà sans vexer personne d'éviter que la magie de Noël ne vire à l'hyperconsommation débridée.
Comment empêcher les grands-parents de trop gâter les enfants à Noël ?
Pour éviter que l'ouverture des paquets le jour J ne tourne au règlement de compte familial, mieux vaut mettre les choses au clair en amont des festivités. Même si certains grands-parents feront immanquablement la sourde oreille, vous pourrez limiter la surenchère en expliquant posément vos valeurs. Par exemple, un beau jouet en bois plutôt que plusieurs en plastique, des livres plutôt qu'une console de jeux, de l'argent versé sur le compte de l'adolescent pour plus tard à la place du dernier smartphone, etc. Dans tous les cas, on veille à ce que chaque enfant reçoive le même nombre de cadeaux que les autres et ce quelle que soit leur valeur marchande. Vous pouvez également fixer ensemble un "quota-cadeau clair et symbolique afin d'éviter toute ambiguïté : un seul grand cadeau ou deux petits par enfant, par exemple. Cette règle peut être présentée comme une manière de préserver la magie du moment, et non de restreindre leur générosité. En fixant des limites précises, tout le monde sait à quoi s’en tenir, sans vexation ni mauvaise surprise au pied du sapin.
N’oubliez pas d’insister
Il est souvent nécessaire de répéter plusieurs fois vos attentes avant qu’elles soient comprises, intégrées et appliquées, car les grands-parents peuvent percevoir vos limites comme une remise en question de leur affection. Soyez donc clair, mais bienveillant : rappelez calmement, dès les premières discussions et à chaque occasion, que vous ne cherchez pas à brider leur générosité, mais à préserver le plaisir et l’équilibre des enfants. Réaffirmer les règles avec constance, sans justification excessive, montre que ce cadre est non négociable et qu’il s’applique à tout le monde. Virginie Megglé, psychanalyste, recommande aussi aux grands-parents lecteurs de Notre Temps de faire "preuve d'inventivité pour proposer à leurs petits-enfants de jolis moments à partager". Un cadeau immatériel comme une sortie en famille ou un petit voyage fera autant plaisir sinon plus qu'un énième objet et contribue à tisser des souvenirs familiaux qui resteront bien plus ancrés dans leur mémoire. En alternative, encouragez les grands-parents à offrir des cadeaux affectifs ou faits main. Un album photo ou un souvenir d’enfance transmis à la nouvelle génération sont des présents porteurs d’émotion et de transmission, avec souvent plus d’impact qu’un objet coûteux. Ils permettent aussi aux enfants de mieux comprendre la valeur du geste derrière chaque cadeau.
Vous pouvez aussi aborder le sujet, encore sensible, des cadeaux de seconde main. Les jouets d’occasion offrent une excellente alternative à la surconsommation. Ils permettent d’offrir des objets de qualité à moindre coût tout en transmettant aux enfants une valeur d’usage et de durabilité. Expliquez que ce choix n’est pas une contrainte économique, mais une démarche éducative et écologique : un beau livre ancien, un jeu vintage ou une poupée remise à neuf peuvent avoir bien plus de charme qu’un jouet flambant neuf.
Impliquer les grands-parents
N'oubliez pas d'impliquer les grands-parents dans la préparation des festivités, car ils apprécient se sentir utiles et présents. Plutôt que de les cantonner au rôle de distributeurs de cadeaux, invitez-les à participer aux préparatifs : décorer le sapin, cuisiner les biscuits de Noël, fabriquer des décorations avec les enfants… Ces moments partagés valorisent leur place dans la famille et réduisent leur envie de compenser par des présents matériels.
Enfin, il est possible de faire plus d'heureux à Noël. Dans sa vidéo TikTok, DeeDee Moore, la grand-mère connue sous le pseudo @Morethangrand conseille de mettre certains cadeaux de côté et de les offrir aux enfants démunis. Les associations de La Croix-Rouge et du Secours populaire, notamment, organisent des collectes de jouets neufs à l'approche de Noël.
Pourquoi les grands-parents en font-ils trop à Noël ?
Noël cristallise toute la démesure de notre société consumériste avec l'achalandage des magasins et les spots publicitaires qui commencent à tourner en boucle à peine Halloween passé. S'il est difficile de passer à côté, les grands-parents tombent volontiers à pieds joints dans le piège et entassent les cadeaux sous le sapin. Et quand les familles traditionnelles laissent progressivement place aux familles recomposées, cela fait beaucoup de grands-parents qui veulent marquer le coup et se démarquer auprès de leurs petits-enfants. La Canadienne Francine Ferland, conférencière et professeure émérite à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, l'a bien remarqué. L'autrice de Grands-parents d’aujourd’hui, plaisirs et pièges révèle son analyse au magazine québécois Le Bel Âge : "on a beau savoir que l’amour n’a rien à voir avec l’argent ou la grosseur des présents, on a l’impression que la valeur de nos cadeaux témoigne de la force de notre amour". Ainsi, les grands-parents feraient de la surenchère pour s'attirer l'affection de vos enfants, quitte à en faire (beaucoup) trop. L'éloignement géographique agit également comme un facteur aggravant du phénomène. Ils peuvent même rivaliser entre eux, que la compétition soit conscientisée ou non : ce sera alors à celui qui fera le plus beau ou le plus gros cadeau. Selon Nicole Prieur, psychologue citée par Notre Temps, "l’inquiétude d’être moins aimés peut [les] pousser à vouloir inconsciemment effacer ceux qu’ils voient comme des concurrents". Par ailleurs, certains grands-parents, plus à l'aise financièrement aujourd'hui, tentent de rattraper ce qu'ils n'ont pas pu offrir à leurs propres enfants (vous).
Trop de cadeaux tue la magie de Noël pour les enfants
Les risques d'une telle surenchère sont documentés par les spécialistes de l'enfance. Elle risque de perdre l'enfant sous une avalanche d'objets. Dans un entretien à Doctissimo, Adeline Manchon, psychologue à Lyon, explique que "quand il y a trop de cadeaux, l’enfant ne sait plus où donner de la tête et ne joue pas vraiment… Dans les cas extrêmes, il met Noël à l’image de sa vie : il pense que tout lui est dû". L'abondance de présents va ainsi à l'encontre de l'apprentissage de la frustration durant l'enfance et l'adolescence. L'enfant peut même devenir blasé et tyran s'il obtient tout ce qu'il veut. Et si les grands-parents en font trop et offrent démesurément, ils risquent aussi de contrecarrer les valeurs que vous travaillez chaque jour à inculquer à vos enfants.
3 conseils complémentaires pour limiter la surenchère des grands-parents à Noël
Donner du sens aux cadeaux
Conseil Aidodarons 1/3
Invitez les grands-parents à choisir des présents qui racontent une histoire comme un livre qu’ils ont aimé, un jeu de société pour jouer ensemble, un objet artisanal… Ce choix transforme le cadeau en vecteur de transmission plutôt qu’en simple preuve d’affection matérielle.
Impliquer les enfants
Conseil Aidodarons 2/3
Expliquez-leur que les cadeaux ne sont pas une compétition d’amour. En les sensibilisant à la simplicité et à la gratitude, vous les aidez à mieux comprendre vos choix et à accueillir les présents avec mesure.
Créer une “liste commune” en famille
Conseil Aidodarons 3/3
Pour éviter les doublons ou les excès, proposez une liste de souhaits partagée dans laquelle les grands-parents pourront piocher une idée ou participer à un cadeau collectif.