Vos enfants apprennent à compter et à lire. Et si l’on pouvait leur apprendre la tolérance, l’empathie, l’ouverture d’esprit de la même manière ? Pour la spécialiste de la parentalité Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau, l’empathie est “la capacité à ressentir les sentiments, les émotions, les intentions d’une autre personne et à les comprendre”, détaille le Parisien. La tolérance, quant à elle, est l’aptitude à accepter les différences (religieuses, ethniques, sexuelles), les opinions et les choix des autres, même s’ils vont à l’encontre des nôtres.
Ces deux compétences font partie du vivre-ensemble et permettent aux enfants d’évoluer en faisant grandir leur intelligence émotionnelle. En 2024, des élèves de la maternelle au CM2 ont même expérimenté des cours d’empathie à l’école, généralisés ensuite dès septembre 2024, pour lutter contre le harcèlement. Alors, comment aider nos enfants à développer des compétences émotionnelles comme l’empathie et la tolérance, et ce dès le plus jeune âge ? Voici 5 conseils pour accompagner vos enfants.
Pour pouvoir comprendre les sentiments des autres, votre enfant doit d’abord être capable d’identifier ses propres émotions. Encouragez-le à poser des mots clairs sur ce qu’il ressent et à les exprimer simplement. Car en exprimant ses émotions, votre enfant va aussi apprendre à les reconnaître.
Cet apprentissage peut passer par des activités ludiques, en lisant des livres sur les émotions ou par des moments de partage. Lors du repas, confiez les émotions que vous avez ressenties durant votre journée, ou définissez, à l’aide de gommettes par exemple, la météo de votre humeur (un nuage s’il y a des émotions négatives, un soleil si les émotions sont positives). "Si vous avez une intelligence émotionnelle élevée, vous pouvez reconnaître vos sentiments lorsque vous les ressentez et comprendre ce qu’ils signifient, explique le psychologue américain Daniel Goleman, dans des propos repris par Parents. Vous pouvez lire ce que ressentent les autres et y répondre de manière appropriée."
L’enfant apprend énormément en reproduisant ce que font les adultes autour de lui. Plus que de grandes leçons, votre enfant a besoin d’actions. “En tant que parent, il est essentiel de donner l’exemple, rappelle à Milk Magazine la psychothérapeute Isabelle Filliozat. Si vous êtes énervé, en colère, n’hésitez pas à le dire, en décrivant l’élément déclencheur, vos sensations physiques et surtout, montrez-leur comment bien réguler cette émotion : en respirant profondément pour vous calmer, en froissant une boule de papier…”
S’il vous voit faire preuve d’ouverture d’esprit et de bienveillance, il reproduira naturellement votre manière d’agir. En tant que parent, cela force dans le même temps une remise en question de ses propres comportements et de sa propre histoire pour identifier ce que l’on veut montrer et transmettre à nos enfants. “Si vous regardez votre enfance et pensez toujours que vous méritiez d'être puni lorsque vous avez commis des erreurs ou vous êtes mal comporté, il est probable que vous pensiez que la même chose est vraie pour vos enfants maintenant", analyse ainsi sur ses réseaux sociaux la thérapeute Yolanda Renteria, rapporte Parents.
De nombreux livres jeunesse traitent du sujet de l’empathie, de la bienveillance et de la tolérance. Votre enfant peut ainsi se mettre Dans les souliers d’Amédée, cordonnier qui saute dans la vie de ses clients. Ou lire sur l’amitié et la différence avec Mon ami d’Astrid Desbordes. Avec Comme toi, de Jean-Baptiste Del Amo, votre tout-petit abordera la question de l’empathie et le respect du monde animal. Sept milliards de visages de Peter Spier, grand classique de la littérature jeunesse, met l’accent sur la richesse de la diversité.
Les jeux de société collaboratifs, comme Le Verger, sont aussi de bons outils pour viser un objectif commun et résoudre des problèmes ensemble. Les cherche et trouve des émotions, loto ou memory des émotions permettent d’agrandir le vocabulaire et d’apprendre à reconnaître les sentiments sur le visage des autres. Les jeux comme Mets-toi à ma place ou Devine pourquoi ! sont parfaits pour se glisser dans la peau d’autres personnages et développer l’empathie.
Sensibiliser vos enfants à la différence peut sembler une tâche compliquée. Pourtant, cela peut encore une fois passer par des jeux ou des expositions. Emmenez votre progéniture, même tout petit, voir des expositions pour découvrir d’autres cultures ou goûter à des plats différents. Vous pouvez aussi pointer nos ressemblances et ce qui nous rassemble. C’est encore mieux, et plus facile à intégrer pour l’enfant, de partir de ses expériences personnelles. S’il a des copains de classe d’origine différente, s’il pose une question en croisant une personne porteuse de handicap.
Si votre enfant rejette un autre enfant, la punition n’est pas l’unique réponse. S’il faut bien sûr dire que l’on ne fait pas cela, il faut expliquer pourquoi. De cette manière, il comprendra mieux son comportement et cela ouvrira une discussion. Vous pouvez l’aider dans ce cheminement en demandant comment se sent l’autre enfant, comment votre enfant se sentirait s’il vivait ce rejet, quelles émotions il ressentirait, etc. “Le but est que son cerveau associe les émotions au calme et à l’apaisement, ajoute Isabelle Filliozat. Si vous l’envoyez dans sa chambre pour le punir, il associera au contraire les émotions à la solitude et au stress.”