Irritabilité, fatigue, somnolence, manque de concentration… Si votre enfant présente ces symptômes, il manque sûrement de sommeil. Un adolescent sur deux ne dort pas suffisamment et souffre d'une dette de sommeil, révèle une étude scientifique publiée en 2023 par la Fondation Vinci Autoroutes et la Fédération nationale des écoles des parents et des éducateurs (Fnepe).
Plusieurs facteurs peuvent entrer en ligne de compte. Toutefois, les écrans apparaissent comme les principaux responsables. D'ailleurs, 31% des 15-25 ans admettent que les écrans perturbent leur sommeil, selon un sondage de la Fondation Ramsay Santé mené en 2022. En tant que parent, quelles mesures faut-il mettre en place pour que votre progéniture retrouve une bonne qualité de sommeil ?
Les écrans nuisent au sommeil, en raison de la lumière bleue qu'ils émettent. S'exposer à cette lumière peut repousser le pic de sécrétion de la mélatonine, l'hormone du sommeil, ce qui retarde l'endormissement. Sur son site, l'Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) explique ce phénomène : "L'exposition à la lumière bleue des écrans stimule fortement les récepteurs de la rétine, envoyant (…) à l'horloge biologique un signal "de jour" qui retarde l'endormissement et induit un retard en phase".
La lumière bleue n'est pas la seule fautive. Les réseaux sociaux et autres distractions, comme les mails ou les vidéos, sont également blâmables. Selon l'INSV, ils "génèrent une excitation cognitive tout à fait préjudiciable au sommeil". Votre enfant peut également tomber sur du contenu qui stimule son activité intellectuelle et émotionnelle. La docteure Sylvie Dieu Osika, pédiatre et co-auteure avec le docteur Éric Osika de l'ouvrage L'enfant-écran, met en garde dans La Dépêche : "On peut être confronté à des images sordides qui peuvent empêcher de dormir. Idem pour les jeux vidéo qui excitent le cerveau". Pour cette spécialiste, il est nécessaire d'instaurer un temps entre le moment où on utilise un écran et l'heure du coucher.
Le Réseau Morphée conseille d'éteindre tous les écrans au moins deux heures avant de se glisser sous la couette. De son côté, Sylvie Dieu Osika se révèle plus souple en préconisant de "couper les écrans une demi-heure voire une heure avant le coucher".
Dans Madame Le Figaro, le professeur Pierre Philip, médecin spécialiste du sommeil, se positionne à mi-chemin en recommandant d'éloigner son téléphone entre 30 minutes et 2 heures avant d'aller au lit. Cela dépend des profils. Par exemple, si votre adolescent a tendance à être anxieux, mieux vaut couper les écrans le plus tôt possible dans la soirée.
Le sommeil ne s'improvise pas. Pour dormir suffisamment, sans insomnie ni cauchemar, il convient de mettre en place un environnement adapté, notamment en diminuant petit à petit les stimulations. Des occupations calmes et sans trop de lumière, comme lire ou écouter de la musique douce, sont les bienvenues.
Pour Sylvie Dieu Osika, les parents peuvent aussi instaurer un couvre-feu numérique. L'idée ? Supprimer les accès à Internet au sein de la chambre de votre enfant afin qu'il ne soit pas tenté de consulter les réseaux sociaux pendant la nuit. Ce couvre-feu digital peut intervenir quelques heures avant le coucher, vers 20 heures, par exemple.
La docteure Sylvie Royant-Parole conseille aux parents d'être fermes et exemplaires. Sur le site de l'INSV, elle souligne "l'importance de l'autorité parentale à l'égard des messages concernant le sommeil". Pour les adolescents, "tiraillés entre leurs besoins (…) de dormir, et toutes sortes de sollicitations", une autorité parentale reste nécessaire pour fixer des limites et établir des priorités.