Les vacances sont toujours attendues avec impatience. Elles sont indispensables pour se reposer entre deux périodes scolaires, rendre visite à des proches éloignés, faire les activités pour lesquelles on manque de temps le reste de l'année… C'est aussi le moment où les enfants, habituellement séparés dans leurs classes respectives, se retrouvent ensemble toute la journée, avec des conflits à la clé. Faut-il intervenir ? Comment empêcher que la dispute ne dégénère et gâche les vacances ? Aidodarons décrypte les conflits de fratrie et vous donne des clés pour les désamorcer sereinement.
Si vous pensez que votre famille est dysfonctionnelle parce que vos enfants se chamaillent à longueur de journée, détrompez-vous, c'est parfaitement normal. Aucune fratrie ne vit sans conflit, et ce, chez les humains comme chez les animaux. Chacun veut s'affirmer, prendre sa place, obtenir les faveurs parentales et bénéficier d'avantages. Bruno Humbeeck, psychopédagogue et enseignant à l'Université de Mons (Belgique), explique dans son article paru dans la revue Cerveau & Psycho, que les conflits entre frères et sœurs sont courants dans le règne animal. Ce comportement naturel, particulièrement notable chez les oisillons, vise à assurer sa propre survie, même si c'est au détriment des autres membres de la fratrie. Lorsque vos enfants se chamaillent, ce n'est certes pas une question de survie, mais le procédé est le même. Ils le font généralement pour un motif de jalousie, parfois la plus dérisoire à nos yeux d'adulte. L'un a eu une plus grosse part de gâteau (un demi-centimètre suffit à semer la discorde), un bisou de maman supplémentaire, le droit de se coucher 15 minutes plus tard, de regarder un dessin animé de plus… Tout est prétexte à comparer ses droits, ses devoirs et ses "privilèges" à ceux des autres. Les vacances sont alors particulièrement propices aux disputes. Tandis qu'en période scolaire, les enfants ne se retrouvent qu'après la classe et sont pris dans le tourbillon du rythme quotidien, ils passent beaucoup plus de temps ensemble durant les congés. La proximité contrainte et l'ennui agissent comme des catalyseurs de conflits. En tant que parent, vous avez un rôle important à jouer pour les désamorcer et sauver les vacances.
Interviewée au micro de France Bleu, Delphine Le Bihan, psychologue spécialisée dans l'accompagnement de la parentalité, explique qu'il vaut mieux éviter d'intervenir lors d'une dispute d'enfants. Celle-ci fait partie de l'apprentissage de la vie en société. Les enfants apprennent à partager leur espace de vie, l'attention des adultes, le gâteau… Si vous entendez vos enfants crier et se taper dessus, il faut néanmoins agir, mais sans prendre parti, surtout que, dans la plupart des cas, vous n'avez pas assisté au début du conflit. La meilleure solution est alors d'écouter avec attention les griefs de chacun et de permettre aux enfants d'exprimer leurs émotions et de tenter de résoudre eux-mêmes le problème. Ensuite, si besoin, les séparer, ne serait-ce que quelques minutes, les aide à faire redescendre la tension. Il suffit bien souvent de faire diversion en lançant une activité pour que la pression retombe d'elle-même. Si vous prenez parti sans connaître tous les tenants et les aboutissants de la situation, les enfants pourraient le percevoir comme du favoritisme. Celui qui est défendu ne manquera pas d'exercer son nouveau "pouvoir" à nouveau et l'autre ressentira une amère rancœur, ce qui risque plutôt d'envenimer la situation et d'amorcer de nouveaux conflits. Bien entendu, si le conflit s'étend jusqu'à la violence verbale et/ou physique, vous devez vous interposer.
Un enfant qui s'ennuie finira par aller chercher les autres membres du foyer pour jouer et, en cas de refus, les asticoter. Cette situation est particulièrement courante pendant les vacances, car le temps peut alors sembler très long, notamment si les parents ne sont pas disponibles (en télétravail, en train de s'occuper du plus jeune ou de rattraper toutes les tâches ménagères en retard). Vous ne pourrez donc pas empêcher totalement les disputes, mais vous pouvez néanmoins limiter les situations à risque. Au quotidien, veillez à mettre vos enfants sur un pied d'égalité, toutes proportions gardées, bien sûr, en fonction de leur âge. Évitez vous-même de créer des situations conflictuelles en favorisant l'un ou l'autre ou compensez afin que l'autre ne se sente pas lésé, recommande Delphine Le Bihan. Si votre ado a le droit d'inviter un ami à la maison ou de sortir au cinéma, par exemple, proposez au plus jeune une activité qui lui fait plaisir : une sortie au parc, une séance de pâtisserie, un nouveau livre à lire… Il vaut mieux aussi ne pas leur imposer de jouer ensemble, selon les propos d'Elena Goutard, coach parentale, rapportés par Les Nichées (le site spécialiste des problématiques des familles recomposées, développé par Elyane Vignau, journaliste et ancienne rédactrice en chef de Psychologie.com). Vous risqueriez de provoquer de la résistance, soit l'effet inverse à celui recherché. Sans être trop rigide et planifier un emploi du temps de ministre, organisez leur planning de façon à les garder occupés. Au début des vacances, vous pouvez discuter en famille des activités à faire en variant les temps calmes (lecture, activités créatives…), les sorties, la participation aux tâches domestiques et les moments passés ensemble. Impliqués dans leur programme de vacances, les enfants auront moins la sensation de s'ennuyer et ne chercheront pas à s'asticoter les uns les autres. Pensez également à leur proposer des activités de coopération plutôt que de compétition, comme un jeu de société (L'île des mots dits, par exemple), un escape game, un repas à préparer ensemble…