by Marianne Fenon
30 juin 2025 15:34:09
Les premières amours constituent une étape importante dans la vie de l'adolescent. Mais le rôle et la position à adopter en tant que parent ne sont pas toujours évidents.
L'été, et avec les grandes vacances, offre souvent un contexte propice aux premières amours. Que ce soit en colonie ou durant un séjour au camping, ces petites amourettes, pour les adultes, marquent bien plus qu'on ne l'imagine les jeunes adolescents. Que l'histoire se termine en drame ou simplement parce que les vacances ou le séjour arrivent à leur terme, personne n'est à l'abri du premier chagrin d'amour. Un événement particulièrement fondateur selon Florence Millot, psychologue auprès des enfants, des adolescents et de leurs parents, qui revient sur le sujet dans le podcast “Les adultes de demain”.
À rebours de ce que l'on pourrait penser, "je crois que c'est pendant l'adolescence que les amours sont parfois les plus forts parce que l'ado s'ouvre à 100% pour l'autre. Il n'a aucun filtre", pose Florence Millot. "C'est une forme d'amour qui est très très puissante", insiste-t-elle, invitant les parents à ne surtout pas se moquer et à "y aller pas à pas". Alors que tout le monde n'est pas forcément à l'aise avec le sujet, Florence Millot estime que "parler d'amour, c'est surtout écouter vraiment : regarder, prendre le temps de sourire, donner des silences et laisser la place à l'enfant d'exprimer ce qu'il a besoin d'exprimer, sans chercher à lui donner des conseils". Pour autant, constate-t-elle, les enfants aiment beaucoup entendre l'histoire d'amour de leurs parents. Et lorsqu'ils posent la question, le parent peut tout à fait leur raconter.
L'adolescent a besoin de faire son expérience
Être dans une écoute active en fonction des besoins de son adolescent est donc vivement conseillé par la psychologue. Mais qu'en est-il lorsque la situation dégénère, que la relation amoureuse paraît toxique ? "Même si on a envie de les protéger, ils ont besoin de vivre leur première expérience. […] On ne peut pas toujours intervenir tout de suite", explique Florence Millot. Quelle posture adopter ? Pour elle, mieux vaut se mettre dans la position de l'ami que celle du parent qui parle à son adolescent. L'idée est de ne pas se positionner comme un expert, mais plutôt de poser des questions sur ce que l'adolescent vit, ce qu'il ressent pour qu'il prenne conscience par lui-même de la situation et ne pas le mettre directement devant le fait accompli. Le premier chagrin d'amour, "c’est un rite initiatique que tous les adolescents traversent quand ils se sentent prêts à confronter leur intimité physique et, surtout, psychique, avec l’autre, l’aimé(e)", appuie le psychiatre Xavier Pommereau, spécialiste de l’adolescence, dans les colonnes de Psychologies.
"Un premier chagrin d'amour, c'est toujours important parce qu'au-delà de l'amour, la période de l’adolescence c'est une période de réactivation de l’enfance", explique Florence Millot. Concrètement, jusqu'à 6 ans, l'enfant vit plein d'expériences (séparation, deuil…) sans prendre le temps d'exprimer certaines douleurs qu'il garde toutefois en mémoire inconsciemment. À l'adolescence, tout ressurgit. Outre le chagrin d'amour, c'est donc aussi ces fragilités de la petite enfance qui vont ressurgir et qu'il va falloir guérir. "Il y a plein d'enjeux autour de ces relations amoureuses", conclut-elle. Et le psychiatre psychanalyste Patrice Huerre de prévenir, auprès de Psychologies : "Un adolescent ne devient pas boulimique, anorexique ou déprimé à cause d’une déception amoureuse. Si une pathologie aussi grave se déclare, c’est qu’elle était là avant. La rupture sert alors de révélateur."
