Comment parler de la différence avec ses enfants ?
Les enfants sont sensibles aux différences. Dès l'âge de 4 ou 5 ans, ils commencent à les percevoir. Couleur de peau ou de cheveux, orientation culturelle, religieuse ou sexuelle, capacités intellectuelles et physiques, handicap… La différence les interroge. En tant que parents, vous avez un rôle clé à jouer dans leur apprentissage du respect d'autrui, de l'ouverture aux autres afin de prévenir les préjugés, les stéréotypes et le racisme.
Comment l'enfant perçoit-il la différence ?
Avant 6 ans, l'enfant va naturellement vers ce qui lui ressemble, soit physiquement, soit par centre d'intérêt, simplement parce que la similarité est rassurante. Il est déjà en mesure de percevoir une couleur de peau, une appartenance ethnique ou une capacité physique différente de la sienne. Mais il aimera ou n'aimera pas une personne adulte ou un autre enfant, sans avoir encore de préjugés, explique l'équipe de psychologues du cabinet Kidz et Family. Ce n'est qu'après 6 ans qu'il "va commencer à comprendre que les gens peuvent être mis dans des cases en fonction de certaines différences", avec le risque que ces stéréotypes et ces préjugés perdurent dans le temps et lui causent du tort s'ils ne sont pas déconstruits. Plus l'enfant est exposé à la diversité, plus il la trouvera "normale" et c'est à vous, parent, de transmettre vos valeurs de respect de l'autre et de sa différence.
À l’adolescence, la différence devient un enjeu social
Au collège, le rapport à la différence évolue encore. Le regard des autres prend une place centrale et l’adolescent cherche avant tout à s’intégrer au groupe. La différence d’apparence physique, d’origine, d’orientation sexuelle, ou le handicap peuvent alors devenir une source d’inquiétude, voire de rejet, y compris chez des ados qui semblaient ouverts plus jeunes. En effet, sortir de la norme "renverrait à la peur d’être seul sans pouvoir nouer des liens avec les autres", affirme le Fil Santé Jeunes. À cet âge, les stéréotypes circulent aussi largement via les réseaux sociaux ou les discussions entre pairs. Un adolescent peut reprendre des propos discriminants sans en mesurer la portée, par peur d’être mis à l’écart ou pour se conformer aux normes du groupe, avec le risque de devenir cyberharceleur.
Côtoyer la différence pour mieux l'intégrer
À l'école puis au travail, et plus généralement dans la vie quotidienne, nous sommes confrontés à la différence, même si notre cercle proche est exclusivement composé de personnes qui nous ressemblent. Nous sommes amenés à côtoyer des personnes d'origine culturelle et ethnique, d'orientation sexuelle ou de capacités différentes lors de toutes nos activités extérieures. Profitez-en pour montrer à votre enfant ou ado que la diversité existe et qu'elle doit être respectée. Vous pouvez par exemple voyager dans un pays étranger en famille ou, plus simplement, vous rendre régulièrement dans des commerces tenus par des personnes d'une autre communauté culturelle. À l'école, l'inclusion des élèves en situation de handicap, de troubles du spectre autistique ou du TDAH dans la classe ou dans l'établissement peut être positive et vue comme une opportunité pour votre enfant. En effet, elle favorise également l'apprentissage de la différence. Selon les psychologues de Kidz et Family, "les enfants qui côtoient souvent des enfants à besoins particuliers dans leur classe, par exemple, vont se poser beaucoup moins de questions sur les différences".
Des activités à la maison pour montrer la différence
Si votre enfant n'est pas assez confronté à la différence à l'extérieur, vous pouvez en parler à la maison. Aujourd'hui, les fabricants de jouets veillent à l'inclusion en proposant, par exemple, des poupées et des figurines multiethniques ou avec des compositions familiales différentes du noyau traditionnel. Là où la Barbie des années 1980-1990 était systématiquement blanche, blonde et arborait des mensurations frisant la perfection irréelle, la poupée la plus célèbre se décline désormais en plusieurs carnations, couleurs de cheveux, formes et vêtements. Il existe donc des poupées typées caucasiennes, africaines, asiatiques, océaniennes… On trouve aussi des poupées "handicapées" avec leurs accessoires comme le fauteuil roulant ou le chien d'assistance.
La littérature jeunesse fait également la part belle à la diversité et la lecture est un excellent biais de lutte contre le racisme, la grossophobie, l'handiphobie ou tout autre rejet d'autrui. Dédiés aux enfants ou aux ados, de nombreux ouvrages traitent de la différence et du respect de l'autre, axés sur les sentiments du personnage qui subit et sur les conséquences pour les auteurs du rejet. Voici quelques exemples :
Je suis moi et personne d'autre de Baptiste Beaulieu (dès 6 ans)
Une petite sirène pas comme les autres de Jessica Long (dès 6 ans)
Gautier Grand nez d'Eva Kopp (dès 6 ans)
Maélise et Coline, au-delà des différences de Marie Schoepfer (dès 6 ans)
Lou a les cheveux verts d'Alexia Dugas (dès 9 ans)
Les Étincelles invisibles d'Elle McNicoll (dès 11 ans)
George d'Alex Gino (dès 12 ans)
Tu crois tout savoir, Jilly P. d'Alex Gino (dès 13 ans)
Des conseils pour parler de la différence
Même si votre enfant paraît ne montrer aucune réticence à côtoyer des personnes qui ne lui ressemblent pas, il reste important d'en parler, car il peut être confronté à d'autres qui n'auront pas sa délicatesse. Il ne faut donc pas hésiter à discuter d'une situation fictionnelle ou réelle qui vous interpelle, conseille Naître et Grandir. Vous pourrez ainsi l'aider à reconnaître l'injustice d'une situation dans une émission TV, un film, un roman ou même à l'école. Il vous raconte que ses copains se sont moqués d'un élève parce qu'il est différent ? C'est le moment de l'interroger sur ce qu'il en pense et de déconstruire les stéréotypes sur le genre, le handicap, l'origine, les croyances ou toute autre différence. Vous pouvez aborder "les conséquences des comportements discriminatoires ou racistes en faisant référence à des événements historiques". Contre le racisme, les événements tels que l'esclavage, l'histoire de Rosa Parks, l'apartheid ou le mouvement Black Lives Matter sont, par exemple, de bonnes entrées en matière. À adapter à l'âge de l'enfant, bien sûr.
3 conseils complémentaires pour ouvrir son enfant aux autres
Montrer l'exemple
Conseil Aidodarons 1/3
"Vous êtes un modèle pour votre enfant. Plus vous serez respectueux envers les autres et ouvert à eux, plus votre enfant le sera aussi", rappelle Naître et Grandir."vous êtes un modèle pour votre enfant. Plus vous serez respectueux envers les autres et ouvert à eux, plus votre enfant le sera aussi", rappelle Naître et Grandir.
Valoriser les questions, même maladroites
Conseil Aidodarons 2/3
Lorsque votre enfant pose une question sur une différence ("Pourquoi il est comme ça ?", "Pourquoi elle n’est pas comme nous ?"), évitez de le faire taire par gêne. Accueillir la question calmement, sans jugement, l’aide à comprendre que la curiosité est légitime et que le respect s’apprend par le dialogue.
Apprendre à réagir face aux moqueries ou à l’exclusion
Conseil Aidodarons 3/3
Au-delà de la compréhension, aidez votre enfant à savoir comment faire concrètement s’il est témoin ou cible d’une moquerie liée à la différence. Lui proposer quelques phrases simples ("ce n’est pas drôle", "on n’a pas à se moquer") ou l’encourager à demander de l’aide à un adulte lui donne des repères d’action.