
Enfant sans portable : quels risques pour sa vie sociale ?
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Les adolescents sont de plus en plus équipés. La preuve : 96% des 12-17 ans possédaient un smartphone en 2023, soit cinq points de plus qu'en 2020, révèle le Baromètre du numérique publié par l'Arcep et le Credoc.
En réponse au mouvement espagnol "Adolescents sans portable", des collectifs français se sont fédérés un peu partout dans l'Hexagone pour faire reculer l'usage du smartphone chez les enfants. Si l'intention est louable, certains parents se posent toutefois des questions sur les risques que comporte cette mesure. En interdisant le portable à votre enfant, ne risquez-vous pas de le pénaliser socialement ?
Avoir un portable, est-ce si important ?
Depuis la loi du 3 août 2018, les écoliers et les collégiens ont interdiction d'utiliser leur téléphone dans l'enceinte de leur établissement. "(…) les téléphones portables des élèves doivent être éteints et rangés", indique le ministère de l'Éducation nationale sur son site.
En dehors de l'école, le portable peut être utile, ne serait-ce que pour joindre les parents en cas de difficulté pendant le trajet école-maison. Mais au-delà du problème de sécurité, l'absence de portable ne risque-t-elle pas de compliquer sa sociabilisation ?
Sophie Jehel, professeure en sciences de l'information et de la communication à l'université de Paris VIII, et auteure de l'ouvrage L'Adolescence au cœur du numérique, a un avis sur la question. Dans Ouest-France, elle estime que le premier téléphone représente une étape importante vers l'autonomie, ainsi qu'une fenêtre sur le monde permettant de construire son identité sociale. Selon cette spécialiste, il s'agit d'un moyen d'avoir accès à des conversations libres et choisies.
Sans portable, est-on forcément marginalisé ?
Vous craignez peut-être que votre enfant se retrouve mis de côté s'il n'a pas de téléphone à disposition. Interrogé par Ouest-France, Hadrien, lycéen, a ressenti une "forme d'exclusion sociale", "une sensation de manque" et d'ennui lorsqu'il est passé du smartphone au simple téléphone à touches. Il a dû affronter le regard de ses amis : "(…) mes potes pensaient que j'avais cassé mon smartphone puis que j'étais devenu fou".
Le sentiment d'exclusion est récurrent chez les adolescents qui ne possèdent pas de smartphone. Loïcia, une étudiante de 18 ans, se souvient de ses années collège dans Le Figaro Étudiant : "(…) je me suis sentie seule. C'était l'âge où les gens commençaient à avoir des comptes Instagram ou autres, donc forcément j'étais différente". Ne pas avoir de compte sur les réseaux sociaux favorise ce sentiment de marginalisation. Simon, 12 ans, explique se sentir étranger à ce qui se passe dans le monde virtuel : "(…) tout le monde ne fait que parler de ce qui se passe sur les réseaux sociaux (…) et moi je n'y comprends rien".
Sur le même média, Marin, 17 ans, détenteur d'un Nokia 3310 de la 6e à la 3e, se souvient que ce n'était pas simple à vivre : "(…) mes amis avaient à disposition (…) des réseaux sociaux desquels j'étais exclu". Le jeune homme estime que le smartphone est indispensable à partir du lycée, notamment pour se rendre sur des sites comme Google Drive, Ecoledirecte ou Classroom "que les professeurs demandent de fréquenter".
Les bienfaits de la déconnexion
Priver son enfant d'un smartphone, ne serait-ce pas un mal pour un bien ? Les principaux concernés considèrent que cette déconnection forcée a été bénéfique. Bien qu'elle ait été vectrice d'exclusion sociale, elle leur a donné de bonnes habitudes. Dans Le Figaro Étudiant, Loïcia remercie ses parents d'avoir pris une telle décision. "Mes parents n'ont jamais voulu que je devienne dépendante d'un téléphone", ce qui n'est toujours pas le cas aujourd'hui, même équipée.
Marin partage le même point de vue. Cette privation lui a servi pour ses études en le forçant à "apprendre à travailler" sans se laisser distraire par le numérique. Désormais utilisateur d'un smartphone, il n'est pas devenu accro : "Aujourd'hui encore je laisse mon téléphone en dehors de ma chambre le soir, pour mieux lire, mieux travailler et mieux dormir".
Nos trois conseils
Un téléphone sans Internet
Conseil Aidodarons 1/3
Dans son rapport remis au gouvernement en avril 2024, une commission de dix experts co-présidée par Servane Mouton, neurologue, et Amine Benyamina, psychiatre addictologue, préconise l'usage d'un téléphone sans Internet pour les 11-13 ans.
Le contrôle parental
Conseil Aidodarons 2/3
Pour éviter que votre enfant ne tombe sur des contenus choquants, activez le contrôle parental sur son téléphone.
Montrer l'exemple
Conseil Aidodarons 3/3
Afin que votre enfant ne ressente pas un profond sentiment d'injustice, montrez l'exemple en faisant un usage raisonné de votre téléphone.