Comment désintoxiquer un enfant des écrans ?

  • Les méfaits des écrans sur la santé physique, mentale et sociale des enfants sont bien documentés.
  • Lorsqu'il y a surexposition aux écrans, le risque d'une véritable addiction n'est pas loin.
  • En tant que parents, vous pouvez mettre en place différentes stratégies pour aider votre enfant à s'en passer.

"Encore cinq minutes, je n'ai pas fini mon jeu / ma conversation !" Quel parent n'a jamais entendu cette phrase, mi-agacée mi-suppliante, de l'enfant qui ne veut pas lâcher son smartphone, sa console ou sa tablette ? Sans qu'on y prenne vraiment garde, ce loisir peut vite devenir terriblement addictif, avec une perte de contrôle sur le temps d'écran de l'enfant et tous les risques qu'on connaît sur son développement cognitif, sa santé, sa sociabilisation et sa scolarité. Pourtant, aider votre enfant à décrocher des écrans n'est pas mission impossible. Voici des clés pour y parvenir sans hurler.

Les écrans : une vraie addiction ?

Selon la partie qui nous intéresse de la définition de l'INSERM, l'addiction est une pathologie qui repose sur "la pratique anormalement excessive d'un comportement (jeux, utilisation des réseaux sociaux…) qui conduit à :

  • - une perte de contrôle du niveau de consommation/pratique
  • - une modification de l’équilibre émotionnel
  • - des troubles d’ordre médical
  • - des perturbations de la vie personnelle, professionnelle et sociale."

Dans les cas les plus importants d'addictions aux écrans par les enfants, on retrouve ces composantes caractéristiques, quel que soit leur âge. Ils sont incapables de contrôler leur temps d'écran, se replient sur eux-mêmes et sur l'objet au détriment de leurs proches et de leurs centres d'intérêt. Ils développent des troubles du langage, du sommeil, de l'humeur, de l'attention, de la mémorisation… Leur scolarité en pâtit, tout comme leur processus de socialisation.

Jeune maman, Laetitia témoigne dans l'émission La Maison des Maternelles fin 2024. À l'âge de 10 ans, son fils qui, jusque-là, n'était pas obnubilé par les écrans, est devenu accro à l'utilisation de son smartphone et de sa console de salon. "Au début, je n'y prêtais pas trop attention, mais on se rend compte qu'en effet, il s'est mis de plus en plus à être dessus, à jouer, et se mettre dans sa bulle en s'enfermant dans sa chambre. Il est moins présent avec nous [...], il parle que de ça.". Elle se rend rapidement compte que durant le temps hors scolaire, "ça lui prenait une place énorme au quotidien" et que le virtuel prenait peu à peu le pas sur le réel. Plus inquiétant, la maman voit son enfant piquer des crises de colère, avec des insultes, des jets d'objets à la maison et à l'école. Lors de discussions calmes, il était même étonné de son propre comportement et ne se reconnaissait pas. Dans ce témoignage, que la journaliste reconnaît comme une situation courante, se retrouvent les différentes caractéristiques de l'addiction. L'enfant se trouve dans une spirale dont il ne peut s'extraire sans aide.

Chez les ados, l'usage des réseaux sociaux déclenche un mécanisme d'addiction similaire. Juliette Hazart, médecin addictologue, conférencière et autrice de Mon ado est accro aux réseaux sociaux explique au Point que "le fait d'interagir sur les écrans, de recevoir des likes et des commentaires active dans notre cerveau le circuit du plaisir et de la récompense, ce qui provoque un 'shot' de dopamine et incite à recommencer".

Comment aider son enfant à décrocher des écrans ?

Dans ce dossier, nous avons donné beaucoup de conseils d'experts pour éviter la spirale de l'addiction aux écrans en agissant en amont, en prévenant les risques de comportement addictif. Mais, lorsqu'il est déjà installé, il n'est pas trop tard pour agir, déjà en contrôlant et en réduisant le temps d'écran. Sabine Duflo, psychologue clinicienne et thérapeute familiale spécialiste de la surexposition des enfants aux écrans, propose de suivre la "Règle des 4 pas" : pas d'écran le matin, pendant les repas, avant de se coucher ni dans la chambre de l'enfant. Elle identifie ces moments quotidiens comme charnières dans le développement cognitif et social de l'enfant. De plus, s'il joue ou consulte les écrans dans la pièce de vie plutôt que dans sa chambre, vous pouvez garder un œil sur les contenus et le temps passé. Il est également important de ne pas diaboliser les écrans (cela aurait l'effet pervers d'une utilisation "en cachette") ni de les interdire totalement puisqu'ils font partie de la vie des jeunes d'aujourd'hui. Toutefois, explique Juliette Hazart, il faut informer "son ado sur les risques inhérents à leurs usages" et sur le fonctionnement addictif des algorithmes numériques. L'experte recommande aussi aux parents de s'interroger sur leurs propres pratiques et de se ménager en famille des moments privilégiés sans écrans (un jour par semaine par exemple). En intégrant l'enfant à la discussion, en lui montrant les nombreux risques et en lui proposant de participer activement à son "sevrage", il a de bonnes chances de coopérer, conclut-elle. De son côté, Laetitia explique à La Maison Des Maternelles que le contrôle parental lui a permis de reprendre le contrôle sur le temps d'écran de son fils et de bloquer certaines applications sur le smartphone. Une fois la console également retirée du salon, il a, en quelques semaines, repris sa vie d'enfant, faite de jeux, de camaraderie et de lecture, explique la maman soulagée.

3 conseils pour aider les parents d'enfants accros aux écrans :

Ne pas hurler

Conseil Aidodarons 1/3

L'élévation de la voix et la violence verbale ne serviront qu'à agrandir le fossé entre parents et enfants. Au contraire, privilégiez la conversation calme et ouverte en expliquant pourquoi trop d'écrans présente des risques.

Proposer des alternatives ludiques

Conseil Aidodarons 2/3

Si vous réduisez le temps d'écran, il faut le remplacer par autre chose comme des jeux de société, des sorties en famille, des livres papier…

Se faire accompagner

Conseil Aidodarons 3/3

Si vous avez tout essayé sans succès, il ne faut pas hésiter à vous tourner vers un professionnel psychologue ou addictologue spécialiste de la surexposition aux écrans.

Après dix ans en tant qu'assistante administrative puis professeur documentaliste de l'Éducation Nationale, et des formations aux métiers du web, je rédige des articles sur des sujets très variés. Aujourd'hui maman, je suis les tendances actuelles sur la parentalité et le développement de l'enfant pour fournir des informations fiables mais neutres à mes lecteurs.