Familles monoparentales : le quotidien des mères isolées en France

Les mères isolées représentent une famille sur quatre en France. Confrontées à diverses problématiques économiques et sociales, elles font partie des premières victimes de la précarité en France. Quelle est la situation de ces femmes souvent confrontées à des stéréotypes et préjugés ?

Selon la dernière étude publiée par l’Insee en 2021, le nombre de familles monoparentales a explosé en France, passant de 9,4 % de familles françaises en 1975 à 25,9 % en 2021. Aujourd’hui, 82 % des familles monoparentales sont formées d’une mère et de ses enfants d’après Le Monde en 2024. Des familles monoparentales qui vivent, pour plus d’un tiers d’entre elles, sous le seuil de pauvreté (fixé à 1 395 euros mensuels selon les critères de l’Observatoire des Inégalités). Un chiffre sous-estimé car seules les familles avec enfants mineurs sont recensées. “Avec la crise sociale et économique, les jeunes restent de plus en plus longtemps chez leur parent”, estime le journaliste Selim Derkaoui, auteur du livre Laisse pas traîner ton fils (éd. Les liens qui libèrent), sur les ondes de France Inter. Malgré une place importante dans la société, les mères à la tête d’une famille monoparentale sont invisibilisées. “On sait qu’être parent solo est vecteur de pauvreté, d’exclusion professionnelle, et tout le monde s’en fout - voire s’imagine que les mères ont fait des enfants pour ‘profiter des aides’ et ‘ne pas avoir à travailler’. J’en sais quelque chose : j’ai rejoint un collectif de mères célibataires qui luttent pour leurs droits il y a plusieurs années, et nos mobilisations n’intéressent personne”, témoigne Neika, mère célibataire d’une petite fille, auprès du Huffington Post.

Un paradoxe entre émancipation et réalité sociale

Cette hausse du nombre de familles monoparentales s’explique par divers facteurs. Selon le Centre d’Observation de la Société, il y a une corrélation entre la progression de la monoparentalité et la hausse des divorces en France. L’instauration en 1975 du divorce par consentement mutuel permet à quiconque de mettre fin à une union ou à un contrat de mariage. Une évolution majeure dans le droit de la famille. Chaque membre d’un couple est libre de demander le divorce à son conjoint. Les mères seules - par choix ou non - doivent par ailleurs faire face à des jugements. “La question de la culpabilité est omniprésente (...). Nous sommes perçues comme étant toujours en faute : (...) que cette solitude est la conséquence de notre ‘incapacité à garder un homme’. Les pères défaillants, eux, ne sont jamais mis en cause. C’est d’une injustice folle”, explique Neika au Huffington Post s’est séparée pendangt sa grossesse.

Les Françaises ont également connu l’émancipation financière. Le taux d’activité des femmes a augmenté depuis les années 70, passant de 58,9 % en 1975 à 82,5 % en 2020 (pour des femmes de 25 à 49 ans, selon l’Insee). Au-delà de la situation sociale, les femmes isolées ont aujourd’hui des situations financières plus instables que les hommes, avec notamment un taux d'emploi moins élevé (67 % contre 81 %). “La plupart du temps, dans les quartiers populaires, mais aussi dans les campagnes, les mères seules font des métiers liés au soin, de par aussi l’éducation qu’elles donnent aux enfants, donc tout ça est lié”, observe Selim Derkaoui qui a lui-même été élevé par sa maman avec ses deux sœurs, dans la banlieue de Caen.


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La difficulté d’élever un enfant en tant que mère isolée

Et si elles ont souvent moins de moyens financiers que les hommes, elles ont la plupart du temps au moins un enfant à charge. Selon l’Insee, 73 % des enfants de parents séparés résident chez la mère. “Ce qui va faire une mère isolée, c’est aussi l’environnement social et géographique qui va empirer les situations”, détaille Selim Derkaoui qui explique que les discriminations peuvent s’accumuler. “Une mère isolée issue d’un quartier populaire peut par exemple avoir du mal à obtenir des horaires plus souples à son employeur si elle n’est pas cadre”, illustre-t-il. Dans n’importe quelle situation, la mère isolée doit également souvent faire face à des préjugés. “La maman solo est toujours un peu caricaturée”, confie une auditrice de France Inter qui a élevé seule son fils après le décès de son conjoint. Si elle se considère comme chanceuse, cette habitante des Hauts-de-Seine a toujours été préoccupée par la peur d’avoir son fils “qui tourne mal” en raison de sa situation.

3 conseils pour les mères isolées

Se renseigner sur les dispositifs existants

Conseil Aidodarons 1/3

Prendre contact avec le CIDFF ou le CCAS de sa commune afin d’obtenir des informations fiables pour faire valoir ses droits.

Bien s’entourer

Conseil Aidodarons 2/3

Amis, famille, corps enseignant des enfants… : il est primordial de bien s’entourer afin d’échanger et de trouver des solutions ensemble.

Accéder à des solutions de garde

Conseil Aidodarons 3/3

Pour les mamans de jeunes enfants, il existe des solutions solidaires dédiées aux familles monoparentales pour faire garder ses enfants afin de souffler, prendre le temps de chercher un emploi, se former…

 

Passionnée par la photographie et l'architecture, je reste toujours connectée aux enjeux politiques et sociétaux. Curieuse et attentive, je suis à l’affût pour vous donner de bons conseils pédagogiques et améliorer votre quotidien.