
Le cerveau des enfants face aux écrans, ce qu’en disent les chercheurs
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- Les études scientifiques portant sur les conséquences de l'exposition des jeunes cerveaux aux écrans se multiplient dans le monde entier.
- Certains faits comme l'altération de la mémoire, du langage et de l'empathie sont déjà bien documentés.
- Néanmoins, les écrans ne sauraient être, par eux seuls, tenus responsables de tous les maux qu'on leur attribue.
Votre enfant paraît peu enclin aux apprentissages à l'école et dans la vie de tous les jours ? Il manque de vocabulaire et sa mémoire lui joue des tours ? Une surexposition aux écrans pourrait être, au moins en partie, la cause de ce développement cognitif bancal. C'est en tout cas ce que semble montrer la science en étudiant les effets des écrans sur le cerveau des enfants.
Comment le numérique altère-t-il le développement cognitif de l'enfant ?
Les recommandations sur l'exposition des moins de 3 ans aux écrans sont autoritaires : "zéro écran avant 3 ans" peut-on lire dans la règle des "3-6-9-12" de Serge Tisseron. En effet, les premières années sont essentielles au développement du langage, de la manipulation d'objets physiques et de l'interaction avec autrui. Le bébé apprend aux côtés des humains et non par écran interposé, d'autant plus qu'il n'est pas encore capable de comprendre ce qu'il se passe sur ce support digital lumineux. Pourtant, il ne s'agit pas de lui offrir son premier smartphone à 3 ans, car son développement cérébral et cognitif est encore loin d'être terminé. Jusqu'à l'adolescence, les synapses (connexions neuronales) se multiplient et facilitent les apprentissages de plus en plus complexes : la mémorisation, la concentration, l'attention donnée à une tâche, les capacités de raisonnement, la lecture, le langage… Plus l'enfant est exposé à un environnement riche, plus la neuroplasticité de son cerveau est mise à contribution et permet l'acquisition de toutes nos facultés intellectuelles et sociales. Or, l'usage de l'écran réduit les capacités neuroplastiques du cerveau, explique François Desmurget, directeur de recherches en neurosciences à l'INSERM et auteur de La Fabrique du crétin digital, dans une interview accordée au média Millénaire 3. Ayant fait de l'impact du numérique sur nos vies son cheval de bataille, le chercheur affirme que "les écrans défont l’intelligence, ils altèrent le langage, dégradent les capacités de concentration, appauvrissent la culture générale, et au bout du compte, affaissent la réussite scolaire". Dans un article de L'actualité fin 2023, David Fortin, neurochirurgien, neuro-oncologue et professeur à l'Université de Sherbrooke (Canada) liste de nombreuses études parues depuis 2018 et confirmant les propos de François Desmurget. Elles rapportent notamment qu'il y aurait un lien entre l'exposition prolongée aux écrans des adolescents et l'augmentation des cas de troubles déficitaires de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Une étude citée révèle également que la surexposition aux écrans pendant l'enfance modifie la zone du langage et suppose des effets délétères durables, une autre qu'elle favorise l'isolement social en défaveur de la capacité d'empathie.
Zéro écran : la solution ?
Au printemps 2024, le rapport ministériel "Enfants et écrans - A la recherche du temps perdu" est publié à la demande d'Emmanuel Macron. Les contributeurs dressent un portrait sombre de la Génération Alpha (enfants nés entre 2011 et 2024), la première à naître avec un smartphone dans une main et une tablette dans l'autre, avec sa ribambelle de troubles imputables aux écrans. Ils soulignent aussi la prévalence des écrans à la maison (chaque foyer français est, en moyenne, équipé de six terminaux numériques) et à l'école. Bien que certains parents y parviennent tant bien que mal dans la sphère familiale, il paraît donc impossible de revenir en arrière, avant l'ère numérique, et de faire disparaître tous ces terminaux digitaux des yeux et des mains des enfants. La solution préconisée par le rapport serait "d’organiser une progression des usages des écrans et du numérique chez les enfants en fonction de leur âge" (p. 93) et de "mieux outiller, mieux former au numérique, et mieux accompagner les parents, les enseignants, les éducateurs et tous ceux qui interviennent auprès des enfants" (p. 116). François Desmurget développe également l'importance de la lecture et de ses multiples bienfaits sur l'apprentissage du langage, la diversité du vocabulaire, la concentration… En tant que parent, vous avez donc un rôle essentiel à jouer pour aider vos enfants à adopter des pratiques numériques raisonnées et à protéger leur développement cognitif.
Et les effets positifs des écrans, on en parle ?
Les études, rapports et essais se succèdent et se ressemblent. Les écrans sont pointés du doigt comme les responsables de tous les maux cognitifs qui touchent les enfants. Pourtant, ils peuvent aussi avoir des effets positifs s'ils sont utilisés à bon escient, dans un temps limité adapté à leur âge et sous la supervision d'un adulte responsable. Pour la recherche documentaire, ils sont une formidable porte d'accès vers un savoir infini et vers tous les livres. À l'école, ils permettent "l’individuation des apprentissages et la répétition d’activités favorisant la création d’automatismes", explique Jérôme Prado, chercheur au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon, au magazine Cortex de l'Université de Lyon. Certains jeux vidéo aideraient même à développer les capacités cognitives, la mémoire et la sensation de bien-être, rapportent à Santé Magazine Milan Hung et Vanessa Lalo, tous deux psychologues et spécialistes du jeu vidéo et des outils numériques. Toutefois, il faut s'assurer, ici encore, que l'âge minimum requis et le temps d'écran recommandé sont respectés.
3 conseils pour éviter les risques du "tout numérique"
Développer le goût de la lecture
Conseil Aidodarons 1/3
En achetant des livres ou en les empruntant en bibliothèque, donnez le goût de la lecture à vos enfants et privilégiez cette pratique active à la passivité du scrolling sur un écran.
Ouvrir les horizons de l'enfant
Conseil Aidodarons 2/3
L'art (musique, dessin…), le sport et les sorties en famille sont autant d'activités ludiques et enrichissantes à proposer aux enfants plutôt qu'une après-midi télé.
Montrer l'exemple
Conseil Aidodarons 3/3
Si votre enfant vous voit régulièrement lire un livre papier ou sortir promener en forêt, il vous imitera (s'il vous voit sur votre smartphone, il vous imitera aussi…).